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Retour à la normale

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Retour à la normale

Ca fait longtemps que je ne t’écris pas… Plus de 10 jours ! Je m’étais dis que je t’écrirais tous les jours mais ce n’est pas gagné ! Comme je te l’ai dis, tu n’es pas encore ma priorité… Mais ça va venir. Ces derniers jours nous avons fini nos vacances au Portugal et sommes rentrés à Paris ( Athis-Mons en fait… Je t’expliquerais…). Nous avons repris nos vies normales : boulot, dodo, week-end, etc… Enfin, pas aussi normales car, différentes en fait. Et oui entre temps tu as pointé le bout de ton nez, tu es apparu dans nos vies.

Après l’excitation, les premières questions.

Pour Sandra, ta maman, tout semble se dessiner : elle me parle beaucoup de toi, voit son corp changer tout doucement, ressent les premières sensations, et pense beaucoup à toi. C’est normal, tu es « connecté » à elle, tu es en elle, vous êtes déjà très lié. Pour moi, je l’avoue, c’est différent. Très différent ! En effet, entre toi et moi, la connexion est moins évidente. Moi je n’ai pas les sensations, moi j’assiste à votre aventure et contrairement à vous deux, je n’en fais pas complètement partie…. Cela devrait changer avec le temps, car pour l’instant je ne réalise pas vraiment. Pour tout te dire, quand Sandra m’a annoncé qu’elle était enceinte de toi, ma réaction a été de lui dire :  » ha, donc tu ne vas pas courir ? », et je me suis rendormi. Pour ma défense, il était 5h du matin et je me suis réveillé 30 mn plus tard surexcité.

Actuellement, je suis plus dans une phase où les fortes émotions se sont un peu dispersées. On a annoncé la nouvelle à nos parents (tes grands-parents : des gens biens, je t’en reparlerais) et depuis… Plus rien. On attend de voir le médecin afin qu’il nous dise que tu es bien là et que tu vas bien. J’avoue, parfois c’est un peu effrayant de penser que ça pourrait mal se passer. Mais je suis certain que tout ira bien.

Mon excitation est un peu partie.

Je ne dis pas que je ne suis pas heureux. Mais le fait que je me pose plein de questions réduit l’excitation des premiers jours. Comment seras tu, comment je serais avec toi, comment on sera tout les trois ensemble ? Ce que l’on fera, ce que je dois faire… Tout autant de questions qui vont et qui viennent, et qui restent sans réponse. Pour l’instant je n’ai aucune réponse, et peut être que je ne les aurais jamais.

Si j’ai des doutes ? oui bien sûre, je crois que ça se ressent  ! Comment ne pourrais-je avoir de doutes ? Qui aujourd’hui, peut dire « Oui, c’est à 100% certain, être père/mère est la meilleure chose que j’ai fait » ? Alors tout le monde (ou presque) le dira. Mais je suis certain que tout le monde, également, ne sera pas aussi affirmatif quand il sera tout seul à réfléchir avec lui même. Non je ne sais pas si, avoir un enfant, est la meilleur décision que nous (ta mère et moi) ayons pris. C’est ce que nous voulions. Nous te voulons. Avons nous raison ? Je ne sais pas. Sommes nous prêts ? Certainement pas . Comment allons nous faire ? Aucune idée. Mais je m’en fiche… On verra bien, je pense qu’on arrivera à s’en sortir. J’espère quand même que tu es livré avec la notice d’utilisation et des couches en échantillon.

Trop de choses peuvent arriver dans une vie. Aujourd’hui nous entrons tous les deux dans l’inconnu… et toi aussi, malgré toi, mais dans tous les cas, tu n’as pas ton mot à dire avant tes 18 ans 😉. On va tous découvrir une nouvelle vie, donc comment être certain que c’est la bonne et que c’est ce que nous attendions et voulions ? Impossible. En plus l’avenir de notre société, humanité, ou planète, appelles là comme tu la veux… L’avenir avec un grand A n’est pas des plus prometteur. Tu le découvriras par toi même mais l’air sent de plus en plus mauvais, la nourriture est de moins en moins bonne, les gens de moins en moins sympa, le coût de la vie de plus en plus cher, les religions de plus en plus… religieuses… (Je tâcherais de ne pas trop t’influencer sur ce dernier sujet ). Bref l’avenir me fait peur, l’avenir fait peur. A tout cela il faut ajouter que je vais changer, ta mère va changer, toi tu vas changer. Et comment sera-t-on ? Aucune idée. Je serais peut être un vieux con gros et chiant, rétrograde qui t’emmerdera tous les jours. Peut être que ta mère et moi ne serons plus ensemble dans quelques années, et toi… tu seras peut être Jockey, fan de Laurent Voulzy ( on en reparlera …) ou pire : une fille ! ( note à moi même : changer cette dernière phrase le jour où je connaîtrai le sexe de l’enfant).

Bref, là je t’ai peint un joli tableau… ça donne envie non ? Voilà ce sont toutes les questions que je me pose quand je pense à toi. Tu vas finir de me faire perdre mes cheveux. Par contre même dans le pire des scénarios je pense que Sandra et Moi nous serons toujours là pour toi. Je dis je pense, car là encore je n’ai pas de certitudes. Mais je pense que je ne me trompe pas en disant que tu vas devenir notre centre du monde.

Ce n’est pas tout mais je vais me rentrer… Oui je t’écris depuis le boulot. Je t’en parlerais peut être un jour, j’ai un travail qui me passionne, tu verras (second degré)… En fait non, j’espère ne jamais t’en parler !

Je te dis à très vite …
– Papa –

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